L'arthrose est la première cause de handicap après 40 ans en France. Pourtant, elle ne fait l'objet d'aucune véritable politique de santé car elle n'est pas associée à un risque vital immédiat. C'est un scandale sanitaire», martèle le Pr François Rannou, rhumatologue à l'hôpital Cochin à Paris. La plus fréquente des maladies rhumatismales est effectivement réputée comme sans gravité. «Pourtant, le handicap lié à l'arthrose des membres inférieurs est tel qu'il est associé à un excès de mortalité car il va entraîner une hausse de la sédentarité», insiste le Pr Pascal Richette, rhumatologue à l'hôpital Lariboisière à Paris.
Pour sortir cette maladie de l'indifférence, l'Alliance nationale contre l'arthrose vient de donner le coup d'envoi des premiers états généraux de l'arthrose.
Dix millions de Français seraient atteints par cette pathologie dont 6 à 7 millions présenteraient des signes cliniques. Longtemps présentée comme une «usure» du cartilage liée à l'âge, l'arthrose est une véritable maladie. «Les principaux facteurs de risque sont l'âge, le patrimoine génétique, les contraintes mécaniques comme l'obésité ou les dysplasies (malformation liée à une anomalie de développement de certains organes, NDLR), les facteurs hormonaux, une inflammation locale. Suivant le type d'arthrose, chacun de ces facteurs pèsera plus ou moins lourdement», explique le Pr François Rannou. Les articulations essentiellement atteintes sont les genoux, les mains, les hanches, les étages lombaires et cervicaux de la colonne vertébrale.
Consulter le plus tôt possible
Et contrairement aux idées reçues, ce n'est pas uniquement une maladie de «vieux». L'arthrose du genou touche majoritairement la femme en surpoids de 68 ans mais elle n'épargne pas l'homme de 45 ans qui a subi une opération du ménisque quelques années auparavant. Ainsi, plus de la moitié des personnes atteintes ont moins de 60 ans et plus d'un tiers a commencé à souffrir avant l'âge de 40 ans, révèle une enquête réalisée
La douleur est la principale répercussion sur la qualité de vie des patients. C'est d'ailleurs souvent cette douleur qui entraîne la visite chez un médecin. «Mais dans la majorité des cas, les patients consultent un peu tard. Car s'il n'existe pas de médicament capable de réduire la progression de l'arthrose. Ces mesures, non médicamenteuses, permettent d'améliorer la fonction articulaire. Ce peut être le port d'orthèse, de semelles, la perte de poids… Cette dernière est particulièrement efficace sur l'arthrose du genou et de la main. «Mais il faut perdre entre 8 % et 10 % de son poids, c'est beaucoup. Et c'est pourquoi la prise en charge doit être pluridisciplinaire»